Environnement et climat

Intervention en plénière sur COP19

Corinne Lepage, au nom du groupe ALDE. – Monsieur le Président, Madame le Commissaire, dans le rapport ou la partie de rapport qu’ils ont révélée le 27 septembre, les experts du GIEC ont, une fois de plus, attiré notre attention sur l’immense responsabilité qui était la nôtre.

Je partage tout à fait ce que vient de dire notre collègue Kriton Arsenis. Depuis Copenhague, nous avons fait, malgré les efforts, beaucoup de sur-place. Il est temps de passer, effectivement, à des propositions qui soient des réelles propositions concrètes pour préparer le sommet de Paris, car nous ne pouvons pas nous permettre un nouvel échec après celui de Copenhague.

Nous devons donc impérativement parvenir à une feuille de route précise et à un calendrier des engagements de réduction de toutes les parties d’ici à 2015, soit en 2014. Il est également nécessaire d’arriver, comme cela vient d’être proposé, à un brouillon de texte de négociation pour 2015 ainsi qu’à une structure pour le nouveau protocole. Si nous n’arrivons pas à avoir une espèce de cadre global à Varsovie cette année, cela veut dire que nous rendons très difficile un succès à Paris en 2015.

Je soutiens également la proposition qu’a faite M. Florenz, à savoir que nous allions vers des sanctions. Nous avons maintenant assez d’engagements qui ne sont jamais concrétisés, cette absence de concrétisation ne faisant jamais l’objet d’aucune sanction.

Par ailleurs, nous devons être ambitieux. Je demande en effet – c’est une demande personnelle, ce n’est pas une demande de mon groupe – que nous soyons très ambitieux dans nos demandes, avec un engagement de 50 % de réduction des émissions d’ici 2030. Cela signifie maintenir le niveau d’ambition qui a été le nôtre jusqu’à maintenant, et je dirais que c’est non seulement une nécessité pour le climat, mais aussi une nécessité pour l’économie.

Je rappellerai que notre facture énergétique s’élève à 400 milliards d’euros par an et qu’il est donc temps de sortir de la dépendance du CO2. Je dirai aussi que les grandes industries qui seront celles du XXIe siècle sont précisément celles qui répondent aux exigences de la transition énergétique. Nous devons donc, nous, Européens, qui avons été les pionniers dans ce domaine, rester aussi des leaders industriels dans tous ces secteurs, dans lesquels, aujourd’hui, les pays du sud tentent de devenir des leaders mondiaux.

Je souhaiterais aussi rappeler que nous avons prévu, comme M. Florenz l’a dit, un fonds de 100 milliards et qu’il serait peut-être temps de dire comment on va le remplir, car à force, année après année, de se référer à des financements innovants – formule qui ne veut strictement rien dire et qui cache le fait que nous ne savons pas comment faire –, il serait peut-être temps de s’attaquer à ce sujet.

Enfin, je voudrais dire ici mon inquiétude de voir parmi les sponsors de la COP 19 des entreprises qui sont manifestement opposées à une réforme du système européen d’échange de quotas d’émission et à des politiques climatiques ambitieuses.

Je suis également inquiète de voir qu’en parallèle à la COP 19, le ministère polonais de l’énergie prévoit de lancer, avec l’association mondiale du charbon, un communiqué de Varsovie qui, sous couvert de promotion du charbon propre, ne ressemble à rien d’autre qu’à un appel à maintenir en place les énergies fossiles dans notre mix énergétique. Je pense que nous devrons être extrêmement vigilants.