Revoir l'émission Revu et corrigéRetrouvez l'émission Revu et corigé de Paul Amar du 15 mai sur le site de France5.fr
• Corinne Lepage
Avocate, Corinne Lepage est spécialisée dans le droit de l’environnement, elle se fait connaître avec l’"affaire de l’Amoco-Cadiz" et devient, en 1995, ministre de l’Environnement dans le gouvernement d’Alain Juppé. A la dissolution de l’Assemblée nationale, elle crée le mouvement Cap 21, qu’elle préside toujours. Candidate à l’élection présidentielle de 2002, elle soutient François Bayrou à celle de 2007, avec qui elle cofonde quelques mois plus tard le MoDem, dont elle devient vice-présidente et député européen de la région Nord-Ouest en 2009 avant de le quitter après les résultats des élections régionales de 2010. Auteur et coauteur de nombreux ouvrages, elle a publié avec Jean-François Bouvet Sans le nucléaire on s’éclairerait à la bougie, aux éditions Le Seuil en avril 2010. • Jacques Myard Député-maire UMP de Maisons-Laffitte, dans les Yvelines, Jacques Myard préside le cercle de réflexion politique Nation et République. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages et a participé à L’euro de tous les risques, édité suite au Colloque de Paris en 1998. 1 - L’euro en crise, l’Europe adopte la rigueur A-t-on trop traîné à soutenir le Grèce, on peut vraiment l’envisager. Ainsi, l’espoir n’aura duré que le temps d’un lundi, après moult tergiversations l’Europe apparaissait enfin aux yeux du monde comme une communauté prêtre à s’entraider, au moins financièrement. Mais après une réponse positive des bourses mondiales, les premières annonces de rigueur dans nombre de pays de la zone euro ont eu raison de l’optimisme des marchés. Avec une monnaie unique au plus bas niveau, équivalent à novembre 2008, des perspectives de croissance très faibles par rapport au reste du monde, le tour de vis annoncé dans les dépenses des Etats européens, au lieu d’être vu comme une volonté d’assainissement de leurs comptes et dettes, a été reçu avec morosité si ce n’est crainte suite à la publication de chiffres de la fragile relance de l’activité et de la consommation du Vieux continent (0,2 % au premier trimestre 2010). Des plans d’austérité qui menacent de nous faire entrer en récession, une situation qui, ajoutée à la crise économique mondiale de ces dernières années, pourrait mettre en péril le retour à l’équilibre budgétaire des pays membres. D’autant que les détenteurs de créances souveraines, soit les établissements bancaires, sont fébriles, alors que la BCE est incertaine de pouvoir à nouveau jouer au pompier. La semaine prochaine devrait elle aussi connaître quelques rebondissements sur les places financières, alors que s’annoncent une nouvelle réunion de l’Eurogroupe et un conseil des ministres européens des Finances, la conférence internationale sur la régulation financière et... pour la France, les chiffres provisoires de l’emploi. Alors, l’Europe va-t-elle "très mal, parce que l’esprit des pères fondateurs n’y est plus, et que l’hypocrisie règne en maître", comme l’affirme Corinne Lepage ? Si elle considère que les "prêts faits à la Grèce vont évidemment dans la bonne direction" et que "le marché a gagné une fois encore contre l’Europe et surtout les peuples européens", selon Jacques Myard, notre système monétaire, après avoir expulsé la Grèce de son sein, devra se reconstruire "sur les bases d’une monnaie commune et non unique". 2 - Que faut-il retenir de Grenelle II ? Cela s’annonçait comme un des grands chantiers du quinquennat de Nicolas Sarkozy, mais la difficile adoption de la seconde partie par les parlementaires aura brisé les espoirs de nombre de défenseurs de l’environnement. A l’image de la taxe carbone, renvoyée à la condition d’un accord européen, la prévention en matière de déchets, l’écotaxe poids-lourds ou la diminution de l’usage des pesticides n’auront pas survécu à la crise économique. Entre des secteurs confrontés à la rudesse des marchés de la mondialisation - comme les transports routiers ou l’agriculture -, des lobbies puissants et des élus de la majorité malmenés lors des régionales, la "révolution dans nos façons de penser et de décider", lancée en 2007 par le chef de l’Etat, s’est transformée en un : "L’environnement, ça commence à bien faire..." en plein Salon de l’agriculture 2010. Après ça, Jean-Louis Borloo a dû se sentir bien seul, d’autant que cette petite phrase faisait suite à l’échec cuisant du sommet de Copenhague, qui à ne pouvoir s’entendre a fait la part belle aux climatosceptiques. Pourtant, le ministre n’a pas hésité à se jeter dans l’arène de l’Assemblée nationale pour sauver ce qui pouvait encore l’être de la "boîte à outils" du Grenelle de l’environnement, qui faisait suite aux dispositions énoncées dans la loi du Grenelle I, pourtant plébiscitée par le Parlement, il y a moins d’un an. Malgré un travail acharné des détracteurs - particulièrement visible en matière d’éoliennes et de la part du secteur agro-industriel -, la loi "portant engagement national pour l’environnement" a été adoptée ce 11 mai 2010, mais loin de la quasi-unanimité qu’avait connu le premier volet. Même si pour le représentant du gouvernement, "n’en déplaise aux inquiets, aux tristes et aux grincheux, les 250 articles du projet seront les 250 fleurs du printemps de l’écologie française". Et si quelques aménagements laissent un goût d’inachevé, faisant dire à sa secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie comme à l’association WWF que l’"on aurait pu aller plus loin", pour les Verts et les socialistes, qui n’ont pas voté le texte, "énormément de choses ont été massacrées". Les derniers craignent d’ailleurs que cela ne s’empire lors de la publication - ou non - des décrets d’application. 3 - Retour à Tremblay-en-France : comment restaurer le lien social ? Depuis quelques mois, les transports publiques sont la cible de différentes agressions dans certains secteurs de quartiers sensibles ; une situation qui est source d’inquiétude pour les employés, par trop souvent insultés ou menacés, mais aussi pour la population desservie. Ces actes, qui sont pour la plupart le fait de jeunes, garçons mais aussi filles, se sont multipliés après la médiatisation de "caillassage" et d’incendie de bus. Et la réponse des pouvoirs publiques par l’envoi d’escortes policières temporaires ne semble pas avoir produit l’effet escompté, une conductrice de bus ayant été rouée de coups, devant sa fille, pour avoir refusé de modifier son itinéraire. Cette escalade de la violence semble en partie être l’une des conséquences de la crise économique, au vu du parallélisme de sa courbe avec celle du chômage. A tort, puisque ce sont des entreprises privées qui effectuent cette prestation,au travers des transports en commun, les jeunes s’en prendraient au service public en tant que symbole de l’Etat. Certains de ces événements ont eu lieu en effet après une opération antidrogue dans une cité ou les visites du ministre de l’Intérieur et de Nicolas Sarkozy. Malgré les promesses de liaison directe de chaque bus avec la police ou de sécurisation des "lieux autant de temps qu’il le faudra pour que s’applique la loi de la République", le malaise perdure tant du côté des conducteurs, dont certains affirment travailler la "peur au ventre", que de celui de la jeunesse, qui se retrouve pontée du doigt. Sur le plateau de "Revu et corrigé", au côté d’Alain Méhal, conducteur de bus à Tremblay-en-France et délégué CGT des Courriers d’Ile-de-France, une représentante de la sous-préfecture de Seine-Saint-Denis, un médecin et un éducateur accompagné deux jeunes tentent de trouver des pistes pour tisser à nouveau le lien social. 4 - Apéros géants : après le drame de Nantes, faut-il les interdire ? Malgré des températures peu propices en ce printemps 2010, les apéros géants rassemblant des milliers de personnes en centre-ville venus suite à des invitations lancées sur les réseaux sociaux Internet se multiplient. Des rendez-vous de 9 000 à 10 000 personnes qui inquiètent les municipalités et les autorités, d’autant qu’à cette occasion l’alcool coule à flot. Calqués sur la coutume espagnole du botellón, ce type d’événements a fait une triste entrée dans l’actualité française après que ceux de Montpellier et Nantes aient mené quelques participants à l’hôpital ou en garde à vue, et surtout, après le décès d’un jeune Vendéen des suites d’une chute en marge de la manifestation. Ces rencontres ont pour but d’être festives et de montrer aux autres villes que l’on peut mobiliser plus chez soi. Si en cela, elles n’ont en rien un objectif perturbateur, il n’en est pas moins vrai qu’elles intègrent parmi elles des adeptes du binge-drinking, mettant, sûrement involontairement, ce phénomène venu d’outre-Manche à l’honneur. Et c’est bien ce dernier qui est un danger pour les jeunes qui y recherchent l’ivresse pouvant aller à la frontière du coma éthylique. De tout temps, la jeunesse est une période de transgression qui construit plus que ne détruit. Face au mal-être qu’elle ressent aujourd’hui sa réponse peut-être regardée avec sympathie. Face à son exclusion d’une société qui prône le jeunisme mais ne lui ouvre pas ses portes, c’est par le nombre qu’elle s’impose, se rassemble et montre que l’on peut passer du virtuel au réel. On peut toutefois comprendre l’embarras des élus et représentants des forces publiques face à ces happenings, dont les organisateurs restent le plus souvent dans l’anonymat et ne prévoient aucune structure de sécurité ni de soins pour les encadrer. Mais est-ce pour cela qu’il faut les interdire et sous quels prétextes ? Ne risque-t-on pas, dans l’affirmative, de voir fleurir des regroupements clandestins, sans contrôle possible, comme c’est aujourd’hui le cas pour les raves, avec un lieu fixé au dernier moment ? Des questions qui seront abordées par Brice Hortefeux, qui organise cette semaine une réunion de travail, alors que d’autres apéros géants sont déjà programmés. A savoir tout de même : en France, l’organisation de manifestations illicites est passible de six mois de prison et 7 500 euros d’amende. Dimanche 16 Mai 2010
Corinne LEPAGE
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