Le débat sur Croissance / Décroissance
Dans un article du Monde, dont on reproduit ci-dessous les principaux passages, Corinne Lepage ouvre le débat sur la croissance/décroissance.
Si l'écologie politique décide d'être le porteur de la décroissance et d'un projet défini comme avant tout anticapitaliste et antilibéral, alors elle ratera le coche de l'Histoire qui propose au monde multiple de l'écologie politique d'être le passeur d'une civilisation à une autre, et ce grâce à un projet de transition. (...)
Le projet d'une décroissance, même qualifiée de prospère (ce qui est un oxymore du même ordre qu'une croissance durable), ne peut aucunement fédérer nos concitoyens et constituer un projet porteur d'espoir. D'ailleurs, les décroissants l'abandonnent progressivement. (...)
Plusieurs changements sont nécessaires : il faut avant tout passer d'un modèle économique à deux dimensions (travail et capital) à un modèle macroéconomique à au moins trois dimensions, introduisant le principal facteur de rareté issu de la finitude de notre planète. Il est également indispensable de modifier notre rapport au travail.
Dans le système actuel, le travail est avant tout un coût de production qu'il convient de réduire pour les entreprises, et le moyen d'assurer son existence, qu'il convient donc de conserver coûte que coûte, pour le travailleur.
En prenant la dimension sociale du travail comme un des éléments d'existence dans une société, on ajoute une nouvelle valeur à ce travail. Le travail devient une valeur sociale centrale du modèle macroéconomique qu'il faut à tout prix préserver, développer, voire partager.
Mettre l'emploi au cœur des politiques permet de poser les questions de revenu disponible et de statut des individus dans la société. Mais il implique aussi de changer le rapport à l'entreprise et cesser les amalgames entre les entrepreneurs et le casino de la finance.
Il faut enfin changer notre manière de consommer pour aller vers un acte raisonné où le service rendu, à savoir la satisfaction du besoin réel, et la façon dont ce produit ou ce service est obtenu sont les principaux paramètres du choix. (...)
A l'écologie politique de porter ce projet comme un projet de transition, qui respecte la réalité mais nous met en ordre de bataille pour un projet collectif capable de résoudre les contradictions dans lesquelles nous sommes plongés. (...)
Notre vocation est de pousser à la construction, avec nos concitoyens et non dans des cénacles partisans quels qu'ils soient, d'un projet qui propose des solutions concrètes aux besoins de notre pays. Nous devons, coûte que coûte, réconcilier le possible et le souhaitable, faute de quoi nous rendrons impossible le souhaitable et détestable le possible. (...)
Cette société de transition que nous devons porter, qui rend possible le souhaitable, n'est envisageable que dans le cadre d'une gouvernance publique et d'entreprise profondément rénovée, dans une République à laquelle nous sommes fiers et heureux d'appartenir, dans la reconquête de l'espoir d'une vie meilleure.
Corinne Lepage, députée européenne et présidente de CAP 21
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Monde
Le débat est d'ailleurs relayé sur les sites de Rue89.com ou
Médiapart